Ceci étant, les activités sportives peuvent générer chez l'enfant et l'adolescent des lésions qui sont importantes à connaître, surtout lorsqu'il s'agit d'enfants pratiquant le haut niveau. La traumatologie sportive de l'enfant et de l'adolescent présente des spécificités. L'enfant n'étant pas un adulte en miniature.
Nous allons essayer de voir quels sont ces spécificités et où se situe les risques.
On
peut schématiquement séparer la période de l'enfance de celle de
l'adolescence à la puberté vers 12-13 ans.
Chez l'enfant, la plupart des lésions sont avant tout
macrotraumatiques. L'adolescent sera lui, en plus, exposé aux
problèmes de colonne vertébrale. Entre les deux surviennent les
maladies de croissance : épiphysites (maladie des extrémités des
os) et apophysites (Maladie inflammatoire de l'os).
Au
moment de la puberté, il existe une accélération de la croissance,
c'est donc une période particulièrement fragile. Les vitesses de
croissance sont différentes selon les segments de membre et la
colonne vertébrale ( ou rachis).
Voyons les différents éléments du corps de l'enfant :
Les ligaments possèdent une laxité supérieure à l'adulte et sont
plus solides que le cartilage de croissance ce qui explique la
rareté des entorses graves.
Les
tendons sont
aussi plus solides que chez l'adulte et n'ont pas de pathologie
dégénérative, ce qui explique qu'ils arrachent leurs attaches
osseuses. Les tendinites vraies sont donc exceptionnelles et se
voient surtout chez l'adolescent.
L'os chez
l'enfant peut être divisé en plusieurs parties :
Le périoste est très épais ce qui explique la particularité des fractures qui sont rarement déplacées, se consolidant en général avec un simple plâtre. Le périoste est une membrane fibrovasculaire qui recouvre les os.
Le cartilage de croissance représente le point faible et ses lésions sont difficiles à diagnostiquer. S'il est traumatisé, cela peut retentir sur la croissance avec un risque d'inégalité de longueur du membre ou une déviation axiale (en cas de soudure d'une partie du cartilage.)
Voyons
maintenant les spécificités des lésions traumatiques chez
l'enfant :
Les tendinites sont exceptionnelles sauf chez l'adolescent. Ce
sont des tendinites d'insertion dues à un surmenage et elles
nécessitent une simple réduction de l'activité sportive.
Les
lésions musculaires sont
aussi exceptionnels et on ne rencontre pratiquement que des
contusions par choc direct.
Les entorses sont
rares et surviennent surtout chez l'adolescent. Il faut
particulièrement se méfier d'une lésion associée du cartilage de
croissance qui est plus fragile que les ligaments, (comme par
exemple au genou où la rupture du ligament croisé antérieur est en
fait souvent une désinsertion avec arrachement des épines
tibiales.)
Les
luxations sont
rares et concernent l'épaule et le coude chez l'adolescent. Les
luxations et subluxations sont fréquentes chez les jeunes filles
hyperlaxes (personne ayant une laxité excessive d'un tissu ou
d'une articulation).
Les traumatismes crâniens sont
fréquents et nécessitent une surveillance hospitalière
systématique en cas de perte de connaissance.
Les
fractures sont
très souvent non déplacées. Il faut être très prudent lorsqu'elles
se situent au niveau des cartilages de croissance. Le traitement
sera le plus souvent orthopédique et la durée d'immobilisation est
en général réduite de moitié par rapport à l'adulte.
Les fractures de fatigue se
rencontrent chez les adolescents et ont les mêmes caractéristiques
que chez l'adulte.
Les zones de croissance (épiphyses (extrémités renflées des os) et apophyses) peuvent être lésées suite à des tractions musculaires répétées sur certains points de fragilité ou des microtraumatismes répétés.
Reste
à voir quelles parties du corps de l'enfant sont les plus
souvent exposées :
Au niveau de L'épaule, les fractures de la clavicule et du col
huméral sont fréquentes en raison des chutes. La clavicule est
particulièrement exposée et elle est fragile. On ne voit pas de
luxation de l'épaule chez l'enfant mais des fractures de
l'extrémité supérieure de l'humérus qui sont des
fracture-décollements épiphysaires.
Les traumatismes du coude sont
rencontrés dans les sports de contact et la gymnastique. La
luxation du coude se voit chez l'adolescent, elle se réduit
souvent très facilement et guérit après 3 semaines
d'immobilisation en écharpe. Chez l'enfant elles sont rares et
souvent associées à une fracture. Des fractures supra-condyliennes
peuvent également intervenir. Les microtraumatismes au niveau du
coude sont occasionnés par les lancers et la gymnastique et
peuvent provoquer une ostéochondrite des condyles (inflammation
d'une surface articulaire) et de la tête radiale.
La colonne vertébrale de
l'enfant est une zone fragile. Il convient de surveiller et de
faire surveiller par un médecin un enfant ayant des douleurs
fréquentes au niveau du dos ou des lombalgies. Ceci peut révéler
la maladie de Scheuermann ou un spondylolysthésis (glissement de
certaines vertèbres par rapport à d'autres). Ces maladies ont
différents stades de gravité et elles n'empêchent pas forcément la
poursuite du sport.
Les
hernies discales sont rares et se rencontrent chez l'adolescent.
Le traitement est le même que chez l'adulte. Elles sont de plus en
plus fréquentes chez l'enfant subissant un entraînement excessif.
La scoliose n'est pas provoquée par la pratique sportive. Il faut
au contraire inciter le sujet atteint à pratiquer un sport sauf en
cas de gibbosité importante (courbure anormale de la colonne).
Au niveau du bassin on
remarque le plus souvent des arrachements apophysaires dûs à une
contraction musculaire brutale qui va arracher son insertion
tendineuse emportant l'apophyse. La principale cause est une
mauvaise préparation et un mauvais dosage des efforts.
Les
lésions de la hanche chez l'enfant se traduisent par une démarche
irrégulière (ou boiterie) et parfois des douleurs du genou (ou
gonalgie). La pratique du sport sert de révélateur et non d'agent
nocif.
L'épiphysiolyse survient dans la période pré-pubertaire vers 12-13
ans. Il s'agit d'une fragilisation du cartilage pouvant aboutir à
la séparation de la tête et du col fémoral.
L'ostéochondrite
(ou maladie de Legg-Perthes-Calvé) survient avant 10 ans. Il
s'agit d'une souffrance vasculaire aboutissant à la nécrose du
noyau céphalique. Plus grossièrement, nous dirons que c'est une
maladie inflammatoire de l'os).
En ce qui concerne le genou, les
ostéochondroses de croissance sont fréquentes.
La plus fréquente étant la maladie d'Osgood-Schlatter. Elle se
traduit par des douleurs à la face antérieure du tibia et augmente
avec les activités.
La maladie de Sinding-Larsen et Johansson est une ostéochondrite de la pointe de la rotule. Elle est plus rare que la maladie d'Osgood-Schlatter et se traduit par une douleur de la pointe de la rotule. Les luxations de la rotule peuvent faire suite à un traumatisme direct mais le plus souvent elles surviennent chez des jeunes filles hyperlaxes. Il existe bien sûr d'autres syndromes au niveau rotulien.
Les
lésions méniscales sont très rares chez l'enfant sauf en cas de
ménisque anormal (ménisque discoïde). On peut alors observer la
rupture de ce dernier. Les lésions périphériques peuvent être
réinsérées.
Les entorses du genou se rencontrent essentiellement chez
l'adolescent et concernent surtout le ligament latéral interne.
Les lésions du ligament croisé antérieur surviennent par
arrachement des épines tibiales et le traitement est fonction de
l'importance de la blessure. Une arthroscopie peut être effectuée
en cas de déplacement du fragment lésé. Il faudra attendre la fin
de la croissance pour pouvoir faire une plastie et interdire les
sports "de pivot" (Ski, Hand, Foot, Basket, etc..) en attendant.
Au niveau de la cheville et du pied, les
entorses sont fréquentes chez l'adolescent et nécessitent un bilan
lésionnel précis afin d'éviter les séquelles. Si le ligament n'est
pas rompu, on préconise une rééducation fonctionnelle précoce. En
cas de rupture ligamentaire, la chirurgie est préférable à un
plâtre. La pratique de sauts et d'impulsions peut déclencher chez
les enfants de 8 à 10 ans la maladie de Sever qui est une
ostéochondrite du calcanéum (Os du pied).